Le fardeau silencieux : Décryptage de la parentification et ses conséquences à l’âge adulte à travers « Ginny & Georgia ».

Dans le monde du divertissement, les séries télévisées ne sont pas seulement des histoires fictives. Elles sont souvent des reflets de réalités ignorées. « Ginny & Georgia », la série à succès de Netflix, ne fait pas exception. Au-delà de son intrigue captivante, elle met en lumière un phénomène trop souvent passé sous silence : la parentification.

La parentification est un processus où un enfant se voit attribuer des rôles et des responsabilités normalement dévolus aux parents. Dans « Ginny & Georgia », cette dynamique est particulièrement poignante dans la relation entre la mère, Georgia, et sa fille, Ginny.

La parentification à travers la relation mère/fille de “Ginny & Georgia”

 

Dans la série, Georgia est une mère célibataire aux multiples facettes. Elle jongle entre les défis de l’éducation de ses enfants et son passé tumultueux. Rappelons tout de même que Geogia a 15 ans lorsqu’elle a Ginny. Ginny, sa fille adolescente, devient rapidement sa confidente, son alliée et, dans une certaine mesure, sa conseillère. La relation semble être une relation mère-fille normale à première vue. Cepedant, un examen plus attentif révèle les subtilités néfastes de la parentification. S’en en prendre conscience Georgia pourrait être qualifiée de « parent toxique ».

Tout au long de la série, Ginny se retrouve à prendre soin de sa mère de manière émotionnelle. Elle l’aide parfois même financièrement. Elle doit composer avec les conséquences des choix de vie de Georgia. Ginny se voit donc jouer le rôle d’adulte bien plus tôt que prévu. Cette inversion des rôles crée un déséquilibre dans leur relation, où le bien-être de Ginny est souvent relégué au second plan, tandis que celui de sa mère reste au centre de l’attention.

 

Une parentification qui a des conséquences sur la vie psychique de l’enfant

 

La parentification a souvent des conséquences sur le développement émotionnel et psychologique de l’enfant. Ginny, comme tant d’autres enfants dans des situations similaires, se retrouve à sacrifier son adolescence. Elle doit assumer des responsabilités qui ne devraient pas être les siennes. Elle doit également jongler avec les pressions de l’âge adulte tout en cherchant désespérément à trouver son identité et sa place dans le monde.

Ce qui rend « Ginny & Georgia » si percutante, c’est sa capacité à mettre en lumière ces dynamiques familiales complexes de manière réaliste. À travers le prisme de la fiction, la série nous rappelle que la parentification n’est pas juste une intrigue dramatique. Elle est au contraire une réalité souvent douloureuse pour de nombreux enfants à travers le monde.

 

Les conséquences de la parentification à l’âge adulte

 

La parentification à l’âge adulte a des conséquences profondes et complexes sur le bien-être émotionnel et relationnel d’une personne. Ayant assumé des responsabilités parentales dès leur plus jeune âge, ces individus peuvent développer un sens exagéré du devoir et de la responsabilité envers les autres, au détriment de leurs propres besoins et désirs. Cette dynamique conduit généralement à une sensation de lourdeur émotionnelle. Mais également un sentiment de culpabilité, lorsqu’ils prennent du temps pour eux-mêmes. Ou bien lorsqu’ils cherchent à s’affirmer dans leurs relations personnelles. Pour certains même, le devoir passant avant tout, ils en oublient de s’autoriser à prendre du plaisir. De plus, la parentification peut engendrer des difficultés à établir et maintenir des limites saines, cela entraîne des relations déséquilibrées et des sentiments d’épuisement chronique. C’est pourquoi il n’est pas rare de voir des personnes être à bout n’écoutant pas les limites que leur corps et leur corps leur témoignent. En somme, la parentification à l’âge adulte peut façonner profondément la vie émotionnelle et interpersonnelle d’une personne, nécessitant souvent un travail thérapeutique pour reconstruire une relation plus équilibrée avec soi-même et avec les autres.

 

 

Comment sortir du processus de parentification ?

 

1. En parler !

Il est très important pour se sortir de nos schémas de parler de ce qui nous arrive, de ce qui nous interroge, de ce qui nous pèse. Un thérapeute qui s’intéresse aux notions de famille peut aider à défaire, à démêler tous ces liens qui parfois sont complexes. Il nous aidera à prendre du recul ce qui parfois est resté bloqué pendant longtemps.

 

2. S’affirmer

En effet, les enfants parentifiés ont souvent du mal à dire “non” et à respecter leur propre limite ! Il est donc très important qu’ils apprennent à se faire passer d’abord avant d’écouter les besoins des autres. Et cela s’apprend ! 🙂

 

3. Prendre confiance en soi et apprendre à Être plutôt que Faire.

Il n’est pas rare, lorsque l’on a appris depuis tout petit à faire passer l’autre avant soi, que notre estime de nous-même ne soit pas très prononcée. De plus, l’enfant qui a fait des choses et qui a eu l’impression d’être aimé pour cela aura bien du mal une fois adulte à se départir de ces apprentissages. “C’est parce que je fais la lessive qu’on m’aime”. Ces apprentissages biaisés par un système familial défaillant va faire croire à l’enfant puis à l’adulte qu’il doit donner et donc faire toujours plus pour être apprécié.

 

4. Prendre conscience des relations dans la famille et des places de chacun.

Dans le processus de parentification, souvent, on observe un renversement intergénérationnel. Oui mais encore Manon ?! 🙂 Je m’explique, il n’est pas rare de voir le parent demander de l’attention, du soutien, de l’aide à son enfant. Comme vu plus haut avec Ginny qui soutient sa mère émotionnellement alors que ce n’est que l’enfant. Et que lorsqu’on est un enfant on n’est pas encore en capacité de soutenir les autres puisque nous sommes en construction.

Mais la parentification peut aussi prendre racine plus haut dans l’arbre généalogique. C’est ainsi que la petite fille peut être la mère de sa mère et donc l’enfant de sa grand-mère. On parle bien sûr d’un point de vue symbolique. Mais ces floues dans les places de chacun crée des conséquences sur le psychisme de l’enfant en construction.

Vous pouvez déjà essayer de créer votre arbre généalogique. Mettez en couleurs les alliances, les types de relation. Qui est tyrannique avec qui ? Qui protège qui ? Ces interrogations vous permettrons déjà de dessiner les premières ébauches relationnelles.

 

5. S’autoriser à être un être unique et à part entière en dehors de sa famille.

Et oui, bien souvent l’enfant parentifié se sent comme responsable du bonheur de sa famille. Pour lui c’est donc impensable de se penser en dehors du système familial. Or, c’est une étape qui peut être nécessaire pour certain.es de façon à pouvoir prendre du recul vis à vis de ce qui se joue dans les relations.

 

6. Et pourquoi pas faire une constellation familiale ?

Les constellations familiales ont été mises au point dans les années 1990 par Bert Hellinger, un ancien jésuite allemand qui, après s’être vu refuser son titre de psychanalyste, a décidé d’inventer sa propre technique. Les constellations familiales partent du principe que tout ce qui n’est pas réparé dans nos histoires familiales finissent par venir imprégner encore et encore les générations suivantes. Les problèmes non réglés de nos ancêtres ont alors une incidence sur notre propre vie.

Il existe une série sur Netflix qui parle de cela intitulée “Le chemin de l’Olivier” que je vous invite à regarder. Je pense probablement à écrire un article sur le sujet plus tard. Affaire à suivre donc… 😉

En fin de compte, « Ginny & Georgia » nous invite à réfléchir sur la manière dont nous traitons les relations familiales et sur l’importance de reconnaître et de briser les schémas toxiques. Car tant que la parentification restera dans l’ombre, les enfants comme Ginny continueront à porter un fardeau qui ne leur appartient pas, en attendant qu’on leur permette enfin d’être simplement des enfants.

Il est important également de rappeler aux enfants parentifiés devenus adultes qu’ils ne devraient pas être responsables du bonheur de leur parent et qu’ils ont le droit de dire “non” et de mettre de la distance lorsque cela est nécessaire.

Si vous souhaitez en discuter, n’hésitez pas à me contacter via le formulaire de mon site internet, par mail ou par téléphone. 🙂

En attendant, prenez soin de vous ! Et n’oubliez pas : “Rome ne s’est pas construite en un jour !” Peu importe à quelle étape de votre parcours vous en êtes ne soyez pas trop durs avec vous-même !

Avec tout mon amour,

Manon Guillemain | Psychopraticienne